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Névache : une école de haute-montagne ouverte sur le
monde
Document préparé pour le séminaire organisé par la Direction
de la Technologie et l’IUFM de Lyon : " TIC, enseignement
et formation des enseignants du premier degré" ( mai 2001)
L’école de Névache (300 habitants,
1600 m d’altitude, au fond d’une vallée) est équipée d’un réseau
informatique connecté sur Internet depuis 1997 (Projet Microsoft /
Hewlett-Packard " Graine de Multimédia ").
Quels sont les changements induits par ce
nouvel outil ?
Notons tout d’abord qu’il ne s’agit que
d’un outil, et qu’il n’est pas forcément révolutionnaire. Il est très
puissant au service d’une pédagogie moderne, mais il peut subir sans
problème une pédagogie de type frontal. Dans ma classe, une première prise en
main a demandé beaucoup de temps, et c’est progressivement que les choses ont
évolué.
I ] Les changements pour la vie de classe
| La classe n’est plus isolée. |
| La classe n’est plus un monde fermé, mais un lieu
sécurisé d’où on peut explorer le monde, avec l’aide d’un
spécialiste : l‘enseignant. |
| La classe, un groupe d’élèves, un élève tout seul, l’enseignant
peuvent communiquer de façon sûre et très rapide –pratiquement
instantanée- avec des gens qu’ils ont choisis : d’autres élèves, d’autres
enfants, d’autres classes, d’autres enseignants, des scientifiques, d’autres
adultes… |
| L’enseignant n’est plus le seul référent culturel. |
II ] Les changements pour l’élève
| L’élève a conscience de faire partie d’une équipe,
puisqu’on est ensemble pour faire quelque chose. |
| L’élève sait à quoi ça sert d’apprendre à l’école :
il donne du sens à ses apprentissages. |
| L’élève fait pour de vrai, pour quelqu’un qui n’est
pas le maître . |
| Les élèves ont besoin de l’aide de l’enseignant pour
réaliser leur projet de communication, et ils doivent s’approprier les
codes de notre langue et de notre culture, mais aussi ceux des autres. |
| L’échec scolaire total est impossible, puisqu’il est
impossible de ne pas agir ou réagir dans le milieu dans lequel on vit. Par
contre, c’est inévitable, certains élèves ont (beaucoup) plus de
difficultés que d’autres. |
| Le travail collectif, par groupes et individualisé s’impose
de lui-même, en fonction des projets. |
| Tout élève, faible ou fort, peut travailler à son niveau,
sans perdre son temps. |
| L’élève a des retours sur son travail, des retours qui
viennent de l’extérieur. Quand il écrit, on lui répond. |
| Le découpage en disciplines perd de son sens. |
III ] Les changements pour l’enseignant
Il doit :
| non plus uniquement répandre le savoir, mais surtout l’organiser. |
| donner des repères solides, des repères pour pouvoir
vivre et s’intégrer dans notre société, bien au-delà du microcosme de
l’école. |
| varier les situations : il y a le choix. |
| veiller à travailler les différentes matières. |
| développer une évaluation formative. |
| développer le sens critique : tout (texte, image,
son, vidéo) peut se " bricoler " ! |
| se donner du temps pour faire les choses. |
| pouvoir faire confiance à ses élèves. |
| mettre en place une organisation qui lui permet d’assurer
les enseignements de base, mais aussi de pouvoir aider les plus faibles. |
| se garder de ne faire que du
" virtuel " : le théâtre, les rencontres, le
sport sont plus que jamais indispensables à l’équilibre de l’enfant. |
| faire des choix continuellement : c’est ça la
pédagogie de terrain. |
Il a perdu :
| l’ " homogénéité " de la
classe. Chaque élève ne fait pas la même chose, n’en est pas au même
niveau (mais ça, on le savait déjà) |
| une grande partie de son rôle de censeur. L’élève peut
grandement s’auto évaluer en fonction des besoins qu’il rencontre. |
| beaucoup de certitudes. |
| les rails des progressions et programmations longtemps
pré-établies. |
| les évaluations sommatives récurrentes. |
| Les questions dont il connaît les réponses par avance. |
Il a gagné :
| La maîtrise de la langue prend tout son sens. |
| Le statut de celui qui aide à réaliser ses projets. |
| La possibilité de vraies activités coopératives. |
| Des élèves motivés, voire attentifs, en tous cas qui
savent pourquoi ils sont à l’école. |
Pour une école du XXIème siècle, les
élèves, et surtout les enseignants doivent :
| se responsabiliser |
| se donner du temps |
| se donner les moyens techniques, financiers, humains |
| quitter l’autoroute pour emprunter les chemins de la
pédagogie |
Nicolas Izquierdo école communale de Névache (Hautes-Alpes)
Izquierdo.nicolas@wanadoo.fr
http://ecole.nevache.free.fr
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